UNE RAISON À L'AMOUR

Oui, j'avais connu des hommes mais ils avaient tous fini par m'ennuyer. Je ne supportais ni les dominés, ni les dominants et entre les deux, c'était le désert.

Tout de même j'avais vécu quelques épisodes très drôles. Il fût un temps où je croyais que quelque part dans cette ville mon pendant masculin m'attendait. C'est incroyablement aisé de se mentir. On trouve toujours ce qu'on espère, ce n'est qu'une question d'imagination.

 Puisque je le voulais ainsi, je l'ai rencontré cet alter ego inexistant et notre histoire s'est terminée comme il se doit dans un déchirement monstrueux. Il détestait la bière, la vodka et le pastis, j'aurais dû prendre mes jambes à mon cou mais j'avais préféré les nouer autour du sien, inconsciente du danger que représentait un tel abandon. J'avais trop aimé le son de sa voix, le choix de ses mots, son humour survolant les espaces vulgaires et grossiers pour atterir, tout penaud d'être parvenu à faire un si long voyage, sur un iceberg d'intelligence incontrôlée. Et surtout j'avais adoré le goût de son sperme. C'est à croire qu'il y a toujours une raison à l'amour.